
Pendant sa semaine de vacances, l’équipe de Nice Premium est heureuse de vous offrir une compilation de ses meilleurs articles. Pour cette dernière journée, vous retrouverez une sélection de cinq articles par la rédaction.

Francis Pierron, ingénieur de recherche au CNRS et à l’Observatoire de la Côte d’Azur, est le responsable du projet. Revenu de Tasmanie depuis deux semaines, il décrit l’avancée que représente l’installation. « Cette petite station laser tout à fait originale dans le monde a été développée dans les laboratoires Grassois et régulièrement améliorée depuis dix ans. Elle pèse tout de même quelques centaines de kilos, mais ce n’est rien comparé aux autres sur la planète, d’un poids allant de dix à quinze tonnes, et qui doivent être installées dans des bâtiments. À condition d’avoir un peu préparé le terrain, notre station peut être installée puis mise en service en quelques jours seulement ».
La technologie laser permet de mesurer avec grande précision la distance d’un satellite artificiel en orbite autour de la terre. « Des rétro-réflecteurs installés sur le satellite renvoient les impulsions laser émises depuis la station à terre. Nous chronométrons le temps d’aller-retour de ce rayon laser pour en obtenir la distance au millimètre près, et ainsi étalonner le satellite en comparant ces mesures à celle du radar de bord » C’est là que tout se complique : « Le satellite Jason tourne autour de la Terre à la vitesse de sept kilomètres par seconde. Il entre dans le champ de la station trois à quatre fois par jour, pour une période d’environ dix minutes. Nous devons être capables de diriger notre laser vers le satellite dans cette fenêtre de temps. Pour le suivre avec une très grande précision durant tout son passage et acquérir plusieurs centaines de mesures de son lever à son coucher.. »
Constater les effets du réchauffement climatique par l’augmentation du niveau des mers
Pendant cinq mois, cet équipement va donc contribuer à mesurer le niveau de la Mer de Tasmanie, située cette île et l’Australie. « Ensuite, la station reviendra en Corse. Mais la collaboration avec les équipes de Hobart continue. L’exploitation des mesures va durer plusieurs années », déclare Francis Pierron. Jusqu’ici, Ajaccio était le seul site d’étalonnage de l’hémisphère Nord. Le déplacement sur un autre site va permettre d’améliorer les mesures. Pourquoi avoir choisi la Tasmanie ? Sa situation géographique vis-à-vis de l’Australie et la configuration est à peu près la même qu’entre la France et la Corse. En effet, l’exactitude scientifique nécessite d’effectuer ces campagnes sur des zones géographiquement éloignées et « décorrélées ».
L’utilisation du laser associé au satellite océanographique Jason permet de mesurer la hauteur des océans à quelques millimètres près, et même celle des vagues. Aujourd’hui, le niveau des mers à la surface de la planète augmente en moyenne de 3,5 millimètres par an. « Pour l’instant, et à l’échelle de temps humaine, ça ne paraît pas préoccupant. Mais on craint que ce chiffre augmente dans les années à venir, tempère Francis Pierron. Avec le réchauffement climatique, on s’attend à ce que la fonte des glaces s’accélère. Si le niveau des mers augmente d’un mètre au cours du siècle qui vient, la situation deviendrait critique ne serait ce qu’en France pour la Camargue. Cela sans parler des pays d’Asie ou de très nombreuses populations vivent sur des zones côtières concernées.

