À Nice, la statue de Jeanne d’Arc, pourtant sous la menace d’un démontage, a été au centre d’un hommage, ce vendredi, jour de sa fête et 594 ans après sa mort. Le maire Christian Estrosi a profité de l’événement pour défendre cette œuvre controversée, devenue, malgré elle, un miroir de la société.
Devant l’église Jeanne d’Arc, classée monument historique, le parvis prend une autre allure ce matin. Dressée sur son piédestal, la statue dorée de la Pucelle d’Orléans capte tous les regards. Nous sommes le 30 mai, jour de la Sainte Jeanne d’Arc, et 594 ans après sa mort, les Niçois sont là, venus lui rendre hommage, rassemblés au pied de la sculpture monumentale qui domine le parc.
Dans cette atmosphère de recueillement, Christian Estrosi prend la parole : « Cette journée veut remercier celle pour qui cette œuvre a été conçue. » Un hommage, aussi, à ceux qui ont permis sa réalisation : « Je tiens à remercier André Barthe, le prince Joachim Murat et Gaël Nofri. » L’occasion de rappeler que « naturellement, cette statue est destinée à rester ».
Une œuvre au cœur des tensions
Mais derrière cette cérémonie, la controverse n’est jamais loin. Car la statue, inaugurée en 2023, fait toujours l’objet d’un contentieux. Une décision de justice exige son retrait. Certains estiment également que Jeanne d’Arc n’est pas Niçoise, que « Nice ne faisait pas partie de la France en 1431 ». D’autres encore, au nom de la laïcité, s’opposent à la célébration d’une sainte sur l’espace public.
Christian Estrosi réplique : « Comme si une sainte ne pouvait pas être une figure républicaine. » Et il insiste : « Jeanne d’Arc appartient à tous les Français. Je ne la laisserai ni à l’un, ni à l’autre. » Une phrase empruntée à Jacques Chirac, et réaffirmée avec force : « Je refuse qu’elle soit le symbole de l’extrême droite, car cela signifierait qu’ils ont gagné la guerre des idées. »
Un visage fidèle de la France
La cérémonie prend alors des airs de déclaration d’unité. « Malgré toutes les différences, la France est unie et unique. » Pour le maire, Jeanne d’Arc incarne plus que l’histoire : elle reflète notre époque, ses fractures et ses débats. « On se focalise trop souvent sur ce qui nous divise », estime Christian Estrosi. Il ajoute : « Grâce à ses fils et le sang versé, Nice est devenue française entre 1914 et 1918. » Dans son discours, le maire salue aussi la République, « ce modèle de vivre-ensemble », et l’art à la française, en citant « les grands artistes comme l’atelier Missor », concepteur de la statue.
La cérémonie se clôt alors. Une gerbe est déposée au pied de la statue par le Maire. « Jeanne d’Arc est un miroir », affirme Christian Estrosi. « Et le reflet qu’elle nous renvoie dépend de nous. On doit faire attention à ce que ce soit le bon. »