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20 avril 2024

A Nice, le Rap signe sa pétition musicale

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zone-rouge.jpg La culture Hip Hop c’est la rue, les tags, le rap et les cités. Un peu trop amateur, pas assez propre, un peu trop cru. Et, surtout, un peu trop violent… A Nice, encore plus qu’ailleurs, le Hip Hop manque de moyens, d’espaces et d’écoute, pour faire connaître sa véritable identité culturelle. Quelques artistes azuréens, se sont rassemblés pour chanter, un droit de réponse, une lettre ouverte, un plaidoyer en faveur de leur musique : Pétition. Un morceau de 11 minutes, avec 26 artistes. Chacun a 8 mesures pour signer le morceau de son rap. 8 mesures sont encore vierges et disponible pour tous ceux qui voudront ajoutés leur nom. Alors, rappeur, à vos signatures !

Kaisha, dans Pétition : « montrer notre art/parler à cœur ouvert/voila ce qu’on voulait faire/ils ont bannis notre rap »

L’idée vient du label Zone Rouge. Un label de musique, qui met son studio à disposition de jeunes artistes indépendants, organise quelques concerts de Hip Hop locaux et anime une émission de radio émise sur le département. « Nous aidons de nombreux jeunes qui n’ont pas de moyens et ne savent pas, ni où, ni comment assouvir leur passion » explique A.M., l’un des membres de Zone Rouge.

Tout commence le 17 février dernier. Un concert exceptionnel, réunissant des rappeurs connus à l’échelle nationale, doit être organisé au Nikaïa. Le groupe Identitaire, Nissa Rebella, dénonce cet évènement comme un concert haineux, en citant des paroles de chanson sorties de leur contexte. Ils menacent, ensuite, d’être présent. Craignant un affrontement, les organisateurs préfèrent annuler le concert. Le label Zone Rouge décide alors de réagir. Elle lance la création du morceau Pétition, pour donner la parole aux artistes Hip Hop. A.M. déclare : « Nous voulions faire quelque chose d’adulte, respectueux, sans violence gratuite. Nous avons réuni des artistes du département et nous avons longuement travaillé les textes pour que le morceau soit réfléchi. »

C4 : « qu’est ce qui te fait croire/que mon rap n’est pas intègre/même si on a pas fait saint Cyr/chacun de nos textes sont sincères »

Pour faire plus de bruit et gagner en crédibilité, l’association pense à utiliser une émission de radio, qu’elle a enregistré en février, à la suite de l’annulation du concert. Elle réunissait autours des micros de Zone Rouge, le professeur de droit international, spécialiste de la liberté d’expression, Robert Charvin, et le Procureur de la République, Eric De Montgolfier. Les deux hommes acceptent que quelques images, prises lors de l’émission, soient utilisées dans le clip de Pétition. « Ils ne sont ni pour, ni contre le Hip Hop. Ils sont pour la liberté d’expression. Nous trouvons normal qu’en pareille circonstance, un Procureur de la République prenne position démocratiquement, pour défendre l’égalité », explique A.M. . Contacté par Nice-Premium, Eric De Montgolfier n’a pas voulu s’étendre sur le sujet : « ça ne m’interesse pas. J’ai juste permis d’utiliser un support audio. J’ai été prévenu de la mise en ligne du clip en même temps que vous. » Faire passer un message, sans créer la polémique, tel est, aussi, le mot d’ordre de Zone Rouge : « Nous voulons que le rap soit respecté comme toute autre musique, qu’on nous laisse, nous aussi, nous exprimer
L’égalité d’expression. Pas plus, pas moins.


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Kaisha, Jessica et Hdi ambassadeurs du rap niçois

Trois des artistes du titre Pétition ont invité Nice-Premium dans les studios de Zone rouge. Rencontre.

<doc22503|right> Artiste indépendants, ils travaillent la journée et rappent le soir. Jessica, Kaisha et Hdi reçoivent dans le studio de Zone Rouge, où ils ont l’habitude d’enregistrer leurs morceaux. Depuis novembre 2006, le label a son siège, au cœur de la Victorine. Le lieu mythique des anciens studios de cinémas de la Côte d’Azur. Elle ne dispose que de quelques mètres carrés. Juste assez pour installer un studio d’enregistrement dont les membres de Zone Rouge ont montés les cloisons eux-mêmes. Les artistes sont fiers de pouvoir enregistrer ici, ils gagnent en crédibilité : « C’est le message principal, déclare Jessica, ce n’est pas parce qu’on est jeune qu’on fait n’importe quoi ! »
Le manque de reconnaissance leur pèse, mais ils n’ont pas l’intention de baisser les bras. Ils continuent à essayer de se faire entendre, un peu partout : « A Marseille, la culture Hip Hop est beaucoup mieux reconnu. Ici, c’est plus compliqué. Faire un concert dans des salles où les gens sont assis et auxquelles notre public n’a pas accès, c’est froid, ça ne correspond pas à notre ambiance. Et quand on fait des concerts dehors, en cités, on n’a jamais la bonne qualité… », explique Kaisha.

Hdi : « la peur de l’étranger/nous hante depuis la préhistoire […] il n’y a pas le bien et le mal/c’est plus compliqué que ça »

Kaisha et Hdi s’échange un numéro, un contact : « c’est comme ça que ça marche : on rencontre des gens, on crée des liens, et si on a besoin de monde, on s’appelle. Quand on enregistre ensemble, ça dure, parfois, jusque tard dans la nuit. Ce sont des bons souvenirs ! » Le Hip Hop niçois est un vrai petit monde. Un peu à part, mais ouvert. Ouvert aux autres, à toutes les musiques. Jessica, 24 ans, rappe peu, sa soul s’inspire des rythmes orientaux de « chez elle ». Elle a d’abord pris des cours de chants, du jazz et du gospel. « Et toi, alors, t’écoute quoi ? » Celui qui s’intéresse, curieux des autres, c’est Hdi, le rappeur grassois. Il a 23 ans, une voix chaude et le rythme dans la peau. Son message : « Nos idées sont toujours positives, c’est la façon dont on le dit qui choque ». Jessica renchérit : « Nos mots sont parfois violents, parce qu’on ne peut pas nier la violence, elle existe dans nos quartiers. Nous voulons juste dire : regardez ce qui se passe, aidez nous pour que ça change. »

Jessica alias Calamity Jess : « en allant voter/va falloir qu’on rétablisse nos identités/non il ne faut plus qu’on subisse/ la pression, l’oppression »

Kaisha et Jessica sont les deux seules filles de Pétition. A l’aise, avenantes et drôles, elles sont chez elles dans ce monde : « Le Hip Hop c’est notre culture, celle des cités, on a grandi avec. On essaye de casser les préjugés : les filles qui font du Hip Hop ne sont pas des tapins. Je ne comprend pas, non plus, le racisme : le monde dans lequel nous vivons est métissé, c’est une réalité, on y peut rien, au contraire ça donne plus de couleurs.» Jolie demoiselle de 24 ans, la petite Kaisha rappe de tout son cœur : « je chante l’espoir. Pourquoi n’aurions-nous pas le droit de dire ce que nous pensons, alors que d’autres font annuler des événements culturels avec des menaces violentes. Ce n’est pas eux les voyous ? » Son dernier concert, place Rossetti, a été un vif succès. Jessica, elle, a un album en préparation. Récemment, elle a aidé Zone Rouge à inviter, l’adjointe au maire, Dominique Estrosi. Une rencontre et un échange réussi. Jessica est aussi animatrice radio bénévole, pour l’émission de Zone Rouge. Une jeune niçoise, élégante et souriante. Et vous savez quoi ? Sa grand-mère lui a toujours préparé la socca, là bas, en Algérie !

Télécharger gratuitement Pétition sur https://www.zone-rouge.net/

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