La suspension du jumelage entre la ville d’Antibes et la ville israélienne Eilat est mise sur la table par les associations du 06. Les actions d’Israël sont dénoncées par de nombreuses organisations dans les Alpes-Maritimes.
Après un rassemblement sur la place de Charles de Gaulle à Antibes, le 1ᵉʳ juin, et une lettre adressée au maire le 15 juillet, plusieurs associations des Alpes-Maritimes ont réclamé la suspension du jumelage entre Antibes et Eilat. Cette ville israélienne, sans centre historique, joue un rôle économique majeur pour l’État hébreu comme troisième port commercial pour le pays. Après des prises de position d’associations dans les Alpes-Maritimes, une pétition a été lancée il y a plus de deux mois. À l’heure où nous écrivons ces lignes, 540 personnes l’ont signée.
Le 6 mai 2022, lors du vote du jumelage avec la Nouvelle-Orléans au conseil municipal, Michèle Muratore, conseillère socialiste d’opposition, a sollicité le maire Jean Leonetti pour qu’il se prononce sur l’avenir du jumelage avec la ville russe Krasnogorsk. Comme d’autres organisations, La France insoumise 06, la Ligue des droits de l’Homme d’Antibes – Casa, avaient écrit cette lettre le 15 juillet. « La suspension du jumelage avec la ville de Krasnogorsk en 2022 a permis à Antibes d’éviter de servir de caution pour l’invasion de l’Ukraine par Poutine. »
Interrogée, Michèle Muratore, conseillère d’opposition socialiste, soutient : « plutôt que de demander la suspension du jumelage avec Eilat, car de toute façon, il ne se passe rien, ce ne serait qu’un affichage, on veut jumeler une ville palestinienne. Maintenant, Gaza sera la bienvenue, en plus, cela s’inscrit dans le cadre de la reconnaissance par Emmanuel Macron de l’État de Palestine. »
« Nous, la Ligue des droits de l’Homme, ne sommes pas en position radicale. On demande simplement une suspension du jumelage. Dans notre cas, il y a encore le deux poids, deux mesures », a réagi Jean-Paul Sozedde, président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) de la section Antibes Sophia. Les liens entre Antibes et Eilat ne datent pas d’hier, mais de l’ancien maire, Pierre Merli, il y a plus de 40 ans.
Créer une charte et jumeler d’autres villes
La conseillère de « la gauche solidaire, écologique et démocratique » espère la création d’une charte par la municipalité antiboise. Michèle Muratore veut donner du sens à la création d’un ensemble de règles et de principes pour lier d’autres villes à Antibes. Des organisations ou des villes ont déjà mis en place cette méthode. Parmi celles-ci, on retrouve : « la charte du jumelage fraternel et spirituel » entre le diocèse de Saint-Étienne et de Batroun, au Liban, en mai 2021, ou encore un accord entre les deux mairies, Leiria et Quint-Fonsegrives, l’une au Portugal, l’autre en France, en mars 2013.
Le président de la LDH d’Antibes – Communauté d’agglomération Sophia Antipolis ou Casa a quant à lui une autre approche, qui peut être complémentaire à la première proposition. « Je souhaiterais que d’autres liens soient un peu moins occidentaux et moins de couleur blanche. Ne serait-ce qu’une ville hispanophone, il n’y en a aucune. Par exemple, on peut citer Florianópolis, au Brésil, ou encore une ville asiatique, et pourquoi pas une ville africaine. »
Deux versions d’un même incident
Le 20 août dernier, devant la gare de Juan-les-Pins, des militants de La France insoumise 06 ont tracté des affiches pour suspendre le lien entre les deux villes. Parmi eux, on compte deux militants, dont le candidat LFI-NFP de la 7ᵉ circonscription, Arthur Meyer-Abbatucci. Le parti de gauche et la LDH locale ont dénoncé la pression mise en place par la police municipale.
Selon la police municipale, elle a écarté un regroupement de personnes hostiles à la distribution de tracts, sans être liées au parti. « Je ne vois pas de quoi parlent les policiers quand ils évoquent un regroupement hostile aux tracts. Aucune autre personne hostile n’est présente, mis à part celle qui nous a insultés », explicite Adrien Nouet, militant LFI présent à la gare de Juan-les-Pins lors de l’incident.
Contacté, le président de l’association Antibes jumelage, Claude Marchais, n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations. Olivier Darcq, le directeur de la communication de la municipalité, a estimé que la suspension « est non sujet, nous ne répondons pas à ces assertions et à ces affirmations. »