Sept matches, deux victoires (arrachées à Nancy et Strasbourg), un nul et quatre défaites, voilà le triste bilan de l’AS. Monaco en championnat cette saison. Si l’on rajoute à cela une élimination au tour préliminaire de la Ligue des Champions face au Betis Seville, et une courte victoire face au dix-septième du championnat hollandais en coupe UEFA, le tableau est carrément médiocre.
Dimanche soir, les coéquipiers de Gaël Givet ont touché le fond au stade Louis II. Défaits 2 à 0 face à des Rennais qui n’ont pourtant rien de redoutable, réduits à neuf après les expulsions de Zikos et Squilaci, la soirée a été plus que pénible pour les rouge et blanc. A tel point que les supporters ont copieusement sifflé Didier Deschamps et ses joueurs, réclamant même la démission de l’entraîneur monégasque, après avoir investi les tribunes latérales situées derrière les bancs de touche. Phénomène rarissime dans un stade Louis II d’ordinaire plus calme, qui traduit bien le malaise qui règne au club en ce début de saison.
Et maintenant ?
Lundi matin, à La Turbie, Didier Deschamps a donc présenté sa démission au président Michel Pastor. « C’était la solution la mieux adaptée», a estimé le principal intéressé. Si la nouvelle a pris de vitesse tous les observateurs, elle ne surprend vraiment personne. Elle a même été accueillie avec soulagement de la part d’une grande partie des supporters et membres du staff.
Car l’AS. Monaco est aujourd’hui à des années lumières de la finale de Ligue des Champions perdue face à Porto il y a un peu plus d’un an. Depuis ce 26 mai 2004, le club connaît une lente mais sûre descente aux enfers. Départs de joueurs tels que Morientes ou Giuly qui souhaitaient pourtant rester, recrutement tardif et incohérent, éliminations en demi-finale des coupes nationales face à des équipes nettement plus faibles, l’ASM ne doit son salut la saison passée qu’à une troisième place inespérée obtenue en championnat, synonyme de qualification pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions.
Mais depuis la trêve, l’état de grâce dans lequel baignait le club de la Principauté a disparu. Didier Deschamps et les joueurs cadres de l’équipe sont descendus de leur petit nuage, pour preuve. Le recrutement est bien inférieur aux espérances, si l’on se fie aux déclarations ambitieuses des dirigeants et de l’entraîneur (« un attaquant de classe internationale va venir », et « chaque départ sera compensé par une arrivée », ce que les supporters attendent toujours).
Dans ce contexte, l’élimination de la Ligue des Champions a suffi à mettre le feu aux poudres dans la maison rouge. Les joueurs ont critiqué le manque d’ambition du club, Deschamps a emboîté le pas et s’est désolidarisé des dirigeants (en déclarant notamment très maladroitement « Monaco n’est pas un grand club », phrase à laquelle les Ultras Monaco ont répondu par une banderole « DD, Monaco est un grand club, respecte nos couleurs »), et les dirigeants eux-mêmes ont réagi, en affirmant que toutes les actions du club ont été faites en collaboration avec l’entraîneur.
Un immense gâchis
Deschamps est parti, Jeannot Petit assure l’intérim, en attendant peut-être l’arrivée d’un successeur de renom. Celui-ci aura du pain sur la planche : avec sept points en sept journées, l’ASM connaît l’un de ses plus mauvais départs en championnat. Cet homme providentiel devra redonner de la confiance à un groupe meurtri et insuffler un esprit de rébellion à des joueurs pourtant talentueux. Il faudra faire en sorte également de ne pas répéter les erreurs du passé, et ne pas laisser partir les joueurs cadres de l’équipe. A l’heure actuelle cela semblerait presque utopique…
Du côté des supporters, la nouvelle a été accueillie avec soulagement, mais également avec frustration et nostalgie. Didier Deschamps, ce n’est qu’une maigre coupe de la ligue au palmarès de l’ASM, mais c’est aussi et surtout un formidable parcours en Ligue des Champions en 2003-2004, et trois places d’affilée sur le podium du championnat. Depuis trois ans, Monaco est l’unique rival sérieux de Lyon, tout simplement.
Les Monégasques n’ont pas vraiment le temps de gamberger, car dès ce soir, un match difficile à Troyes les attend. Samedi, c’est le voisin Niçois qui se rendra au Louis II, accompagné par plusieurs milliers de supporters rouge et noir. Et le scénario de l’année dernière (victoire 3-4 des aiglons, après avoir été menés 3-0, match qui a sonné le début d’une longue série noire pour les Monégasques), ne doit pas vraiment inciter à l’optimisme du côté du rocher. Une victoire et la saison pourrait être relancée. Une défaite, et la crise risque de s’installer durablement du côté de La Turbie…
Nicolas Pelazza