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19 avril 2024

Albert Marouani revient sur 8 années à la tête de l’Université de Nice Sophia-Antipolis. Interview

Haïkel Regaieg
Haïkel Regaieg
Journaliste correspondant à Paris pour Nice Premium. Spécialiste en Marketing, Stratégie et Communication. Passionné d'aéronautique et de musique.

Il y a quelques semaines Albert Marouani, cédait son fauteuil de President de l’Université de Nice à Frédérique Vidal. L’ancien président fait le bilan de 8 années a la tête de l’UNSA.


arton350.pngNice Premium : Vous avez cédé il y a quelques jours votre siège de président de l’Université de Nice, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Albert Marouani : Tout à fait serein avec un sentiment de légèreté et de très grande liberté d’esprit et de temps. Je suis persuadé que la nouvelle présidente et son équipe auront à coeur de poursuivre et d’amplifier les grands projets que j’avais initiés pendant mon mandat. Je ne doute pas qu’elle saura dépasser les petites querelles intestines et s’entourer des personnes compétentes et loyales à l’Etablissement connaissant bien les dossiers, de façon à ne pas perdre de temps.

NP : Quel bilan tirez-vous de ces 8 ans à la tête de l’Université ?

AM : J’ai publié un document d’une quarantaine de pages disponible sur le site de l’Université qui retrace les grandes actions qui ont été entreprises durant mes deux mandats. Je suis particulièrement fier d’avoir ancré l’UNS dans le paysage local par des relations fortes avec les collectivités territoriales et les entreprises qui ont été étroitement associées à de grands projets de développement de notre Université et de notre territoire tels que « campus prometteur » qui a obtenu un financement de 60 millions d’euros dont la moitié de l’Etat et qui a permis d’achever le campus STIC à Sophia Antipolis, de porter un grand projet d’institut de recherche sur le cancer et le vieillissement (IRCAN) sur la tour Pasteur, de créer avec la ville de Nice une maison de l’étudiant sur Saint-Jean d’Angély et l’Institut méditerranéen du risque, de l’environnement et du développement durable (IMREDD) sur la plaine du Var dans le cadre de l’OIN Eco-Vallée. Sur le plan national l’UNS est désormais considérée comme une des grandes universités françaises de recherche et se classe dans les quinze premières universités françaises sur 86 universités. Elle a pu obtenir à ce titre dans le cadre des « investissements d’avenir » financés par le « grand emprunt » plusieurs « Labex » et « Equipex » (laboratoires et équipements d’excellence) qui sont la preuve d’une reconnaissance par des autorités scientifiques indépendantes de sa notoriété et de sa réputation d’excellence. Enfin depuis mon premier mandat, l’UNS figure dans les classements internationaux, dont celui de Shanghaï, des meilleures universités mondiales sur le plan de la recherche et de l’attractivité de son offre de formation. Je suis aussi très satisfait d’avoir conduit le passage de l’UNS à l’autonomie en professionnalisant sa gouvernance, en maitrisant son budget, sa masse salariale et ses emplois, en créant une fondation universitaire « Unice » et une fondation partenariale « Dream-it ». Durant mes deux mandats nous avons aussi fortement développé des formations et des diplômes professionnels aux niveaux master et licence avec notamment une quinzaine de licences professionnelles nouvelles ancrées sur le tissu économique de la Côte d’Azur. Je suis également assez fier d’avoir créé un des meilleurs Instituts de Culture scientifique de France (ICS) , un grand Institut de recherche en Sciences humaines et sociales (ISHSN), l’Institut « Ulysse » sur le tourisme et la restauration et l’Institut supérieur d’économie et de management (ISEM) qui avec l’IAE constituent un grand pôle régional et national d’enseignement supérieur et de recherche en économie-gestion. Nous avons développé fortement nos relations internationales en direction de la Méditerranée et des pays de l’Est (Russie notamment). Nous avons créé un groupement européen de coopération territoriale (GECT), l’Euro-campus Méditerranée qui rassemble sur un vaste espace transfrontalier, 4 universités françaises, Nice, Corse, Toulon et Paris 6 (Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer) et deux grandes universités italiennes, Gênes et Turin. Enfin sur le plan de la vie étudiante grâce au dynamisme des associations étudiantes et notamment de la Face 06, nous avons développé très fortement les pratiques sportives et culturelles, créé l’association des anciens (Alumnice), un grand service d’insertion professionnelle (SOOIP), un service intégré de santé, un service d’accueil des étudiants étrangers.

NP : Avez -vous des regrets, des projets que vous n’avez pas eu le temps de mettre en oeuvre?

AM :Je regrette le retard pris par les opérations du CPER telles que l’Institut Universitaire européen de la Haute Tinée, Valrose et Pasteur. Je regrette également de n’avoir pas eu le temps de finaliser le dossier de l’Eco-campus sur la Plaine du Var ainsi que l’IMREDD, de ne pas avoir finalisé la mise en place d’une fondation partenariale sur l’environnement, de ne pas avoir mis en place des parcours sélectifs de licence pour attirer les meilleurs bacheliers.

NP : Des conseils à donner à votre successeur, Frédérique Vidal ?

AM :Chaque Président imprime sa marque, son style et ses idées et je n’ai pas la prétention de donner des leçons à qui que ce soit. Je pense que ma jeune Collègue Frédérique Vidal a toutes les qualités pour devenir une bonne présidente, notamment celle de résister à la pression de ceux qui veulent toujours « détricoter » ce qui a été fait sans rien proposer de meilleur. La fonction de Président nécessite de garder de la hauteur de vue, de faire preuve d’imagination, de ne pas tomber dans la « micro gestion », de savoir déléguer et mobiliser toutes les énergies et les bonnes volontés qui parmi les enseignants, les étudiants, les personnels BIATOSS et nos partenaires veulent oeuvrer pour le bien de notre Etablissement et de l’intérêt général.

NP : Le professeur d’économie que vous êtes redevenu, continuera t-il à oeuvrer pour l’université et son rayonnement ?

AM :En ma qualité de Professeur émérite après mon départ à la retraite fin août 2012, je continuerai à diriger les huit doctorants que j’encadre en thèse, à donner des conférences, à m’impliquer dans des programmes de coopération internationale de l’Université, à participer à des colloques scientifiques, à reprendre des expertises pour les grandes organisations internationales dans les domaine du développement économique qui relève de ma spécialité. Bien évidemment tout cela participera au rayonnement de l’Université. Je souhaite aussi m’impliquer fortement dans l’Euro-Méditerranée et dans la construction d’un espace euro-méditerranéen de l’enseignement supérieur et de la recherche qui associe le monde académique, le monde de l’entreprise et le monde politique notamment celui des collectivités territoriales autour du bassin méditerranéen. Je crois beaucoup dans la capacité de la science, de l’éducation, de la recherche et de la connaissance historique à réunir et rassembler les peuples, à donner un avenir à la jeunesse et à reconstruire cette grande civilisation méditerranéenne qui a été le berceau de l’Humanité.

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