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20 avril 2024

L’Edito du Psy : Du G20 à la Nano de Tata

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jpg_bobine2008-42.jpgIl y aura forcément un accord. Le prochain G20 de Londres où se rencontreront plus de 90% du Produit Intérieur Brut mondial, 80% du commerce international et les deux tiers de la population de la planète, affichera sans doute sa détermination à sortir de la crise financière. La probable photo de famille unie et souriante ne doit pourtant pas faire illusion : derrière les amabilités de circonstances, ce sont bien des conceptions radicalement divergentes qui opposent les vingt participants à ce sommet.

Celui-ci masque, en premier lieu, un regain féroce de la compétition internationale. Selon le New York Times, les banques chinoises ont, par exemple, consenti plus de prêts financiers dans les trois derniers mois qu’au cours de l’année écoulée. Un rapport du FMI estime en outre que l’Empire du milieu profite de la crise pour concentrer ses investissements sur la recherche et le développement et garantir la « productivité à long terme de son économie ». Et de citer les propos adressés par le président Hu Jintao à la session de l’Assemblée Nationale Populaire : « les défis et les opportunités viennent toujours ensemble ». De son côté, le Washington Post énumère l’impressionnante « shopping list » de Pékin -plusieurs dizaines de milliards de dollars- dans les minerais, les industries et les technologies, et ce, de l’Iran à la Russie, en passant par l’Australie, le Venezuela, le Brésil, l’Allemagne, la Suisse ou la France.

Le deuxième faux-semblant de cette réunion est le retour manifeste du protectionnisme. Dans un récent rapport, la Banque Mondiale constate que depuis le dernier G20 de Washington censé les exclure, dix-sept des pays constitutifs de ce groupe ont adopté de sévères mesures protectionnistes. Hausse des taxes russes sur les voitures étrangères, barrières douanières chinoises contre les biens européens, subventions étatiques américaines, australiennes et françaises en faveur de leur industrie automobile sans parler de la disposition « Buy American » contenue dans le plan de relance voté par le Congrès afin de s’assurer que seules les compagnies américaines bénéficient de l’aide publique.

Enfin, le G20 aura bien du mal à surmonter l’opposition de deux philosophies. Alors que les pays européens, France et Allemagne en tête, s’efforcent d’obtenir une régulation drastique des marchés et affichent leur obsession d’en finir avec les paradis fiscaux, les Etats-Unis insistent, quant à eux, sur la dépendance de la consommation américaine vis-à-vis de la « croissance extérieure » et l’impérieuse nécessité de soutenir, en conséquence, les marchés émergents : l’un des piliers du plan outre-atlantique consiste, selon Obama, en « l’obligation économique, sécuritaire et morale de tendre la main aux pays et aux populations les plus gravement menacées ». L’Amérique n’est plus intéressée par la mise en place d’un système de grandes agences rooseveltiennes déjà expérimenté dans les années 30 et abandonné dans leur esprit dès les années 80. Elle semble, en revanche, vouloir prendre en compte -ne serait-ce que pour lui permettre d’écouler sa production- les pays émergents : faire reposer la croissance sur l’importance économique des revenus les plus modestes et réintégrer ces derniers dans le circuit économique mondial afin de garantir une relance durable. Interrogé par CNN après son premier tête-à-tête avec Barack Obama, plus de deux heures d’entretien qualifiées par la Maison Blanche de « merveilleuse rencontre des esprits », le président du Brésil a confirmé « l’intérêt » de son homologue américain pour « l’expérience brésilienne » laquelle a « permis à vingt millions de pauvres d’accéder à la classe moyenne ».

Entre l’économie chinoise qui, selon le International Herald Tribune, sortira « renforcée » de la crise, les bonnes résistances de la croissance brésilienne et la bourse de Moscou qui a regagné en deux mois, une partie des pertes enregistrées depuis le début de la tourmente, les Etats-Unis ne manquent pas d’arguments pour défendre cette nouvelle approche articulée autour des pays du BRIC. Pour autant, les dirigeants du G20 arriveront-ils à Londres dans la nouvelle Nano de la firme indienne Tata ?

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