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28 mars 2024

Littérature : Tu verras maman, tu seras bien de Jean Arcelin

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Le témoignage d’un directeur d’EHPAD – Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes – qui livre un récit sans concession, touchant mais parfois brutal sur la vie de nos Anciens.
Avec 1,4 million de Français en situation de dépendance en 2018, c’est un sujet pleinement d’actualité.


Alors que Jean Arcelin approche des plus hauts postes dans le domaine de la vente de voitures de luxe, il décide de tout remettre en question et de se réorienter professionnellement. Après le décès de sa grand-mère, à laquelle il était particulièrement attaché, il le comprend : il veut s’attacher à apporter bonheur et sérénité à ces personnes qui finissent leur vie dans des établissements spécialisés.
Commence donc pour lui un nouveau chemin professionnel, un chemin qu’il espère humain qui va se révéler touchant mais aussi réellement effrayant.
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Les recruteurs des grands groupes privés qui se partagent le gâteau du secteur des personnes âgées dépendantes ne comprennent pas son choix :

– Et le salaire ?
– La DRH m’a donné votre fourchette.
– Mais vous allez perdre combien ?
– Peu importe, c’est mon choix.
– Peu importe ? répète l’homme, interloqué. Mais nous avons un système de rémunération incitative des directeurs. Plus votre EHPAD est rentable, plus vous gagnez. Vous comprenez ? L’argent doit être un moteur !

A partir de ce morceau d’entretien, on est dans l’ambiance. Pour ces groupes, un seul but : la rentabilité. Et bien sûr le taux d’occupation ! Le TO doit toujours être dans le vert, sinon les directeurs se font rapidement taper sur les doigts…
A travers son expérience, qui commence assez tranquillement aux Bougainvilliers à Bandol, on comprend mieux le système de fonctionnement de ces EHPAD et l’absurdité de certaines directives pour une rentabilité toujours plus importante, comme le coût des repas journalier. Pour l’EHPAD de Cannes, où Jean Arcelin sera envoyé après, le coût des repas journalier est de 4,35 € par jour :

Quatre euros et trente-cinq centimes… Pour un petit déjeuner, un déjeuner, un goûter, un dîner et une éventuelle collation avant le coucher… Soit un peu plus de un euro par repas. Alors que les résidents payent un loyer de 3 000 € par mois.

Devant ce montant si dérisoire, Jean Arcelin aura à cœur de chercher toutes les solutions possibles pour le bien-être de ces résidents. Et on peut dire que ce n’est pas chose facile.
Grâce au récit de l’auteur, on peut s’apercevoir qu’il est possible d’avoir un bon directeur d’EHPAD, une personne impliquée mais l’on se rend compte aussi que tant que la gestion des EHPAD se fera comme celle d’une entreprise classique, les choses ne marcheront pas correctement. Plein de courage, Jean Arcelin s’est pourtant essoufflé de ce manque de moyens et de cette hypocrisie des dirigeants – comme celle du grand responsable national qui dit que le hoki, c’est exquis.

C’est un livre bourré de personnages hauts en couleurs qu’il s’agisse des résidents ou des employés, employés peu reconnus alors qu’ils travaillent souvent dans des conditions vraiment difficiles et rendus responsables du manque de propreté de certains résidents alors qu’ils sont en sous-effectif et ont le double de résidents à s’occuper…
On y découvre de la tendresse, de l’amour, du rire, malgré l’incontinence et la sénilité. Mais on y découvre aussi de la révolte et de la tristesse à cause du mode de gestion de ces EHPAD.

A travers ce témoignage, qui devrait être lu par le plus grand nombre et en premier lieu, par les membres du gouvernement, on comprend à quel point la société rejette ce qui vieillit, ce qui n’est plus valide, ce qui n’est plus aussi beau. Ce témoignage peut aider à réveiller nos consciences, à changer nos attitudes et notre regard et surtout, propose des actions simples pour améliorer les choses. Jean Arcelin donne également des pistes pour bien choisir un EHPAD pour un de ces proches.
Un récit que l’on ne pourra pas oublier car on a tous des proches qui vivent ou seront amenés à vivre en EHPAD et si l’on a pas de famille dépendante, cela peut tout simplement être nous.

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