

Le reste de l’allocution se révèle plus classique et répond aux normes de la stratégie politique: avec plus ou moins de subtilité, Christian Estrosi exploite chaque paragraphe de son intervention en le destinant à une corporation professionnelle précise, une catégorie sociale identifiée ou un groupe religieux ou ethnique ciblé. Traditionnelle « pêche aux voix » qui peut surprendre alors que le Président du Conseil Général est donné largement favori par de mystérieux sondages qui circulent dans la ville.

Vient ensuite le programme politique dont la philosophie d’ouverture constitue une décalque locale de celle revendiquée à l’échelon national par le président de la République, et si souvent critiquée au sein même des rangs de l’UMP. Comme Nicolas Sarkozy l’a réalisé dans la capitale, son fidèle allié politique entend proposer à l’opposition « d’être représentée à la Communauté d’Agglomération », voire de confier à cette dernière « la Présidence de Commissions municipales ». Non sans une certaine contradiction pour un candidat qui affirme que sa « seule étiquelle sera celle de Nice » et non « celle d’un parti » auquel il appartient, Christian Estrosi semble vouloir appliquer là encore les recettes nationales qui ont fait auprès des Francais, la bonne fortune de l’UMP. « Trois grandes conventions thématiques » seront ainsi organisées dans les deux prochains mois pour préparer « son projet ». A l’image de celles organisées rue de la Boétie, elles porteront sur « la proximité », l’attractivité », « la santé et l’environnement ».
Enfin, et pour en finir avec cette mauvaise image de Nice qui a « trop longtemps souffert des affaires qui ont touché des élus ou des fonctionnaires municipaux », Christian Estrosi défend en quelque sorte l’idée plutôt novatrice – et non dénuée de risques dans le contexte régional – d’une opération « mani pulite » à la niçoise: elle consistera à donner la Présidence de la Commission d’Appel d’Offres de la ville à l’opposition tout en désignant un Magistrat au poste d’Inspecteur Général des Services de la Ville, chargé du contrôle et de la régularité de toutes les procédures de commandes publiques.

A l’issue de sa prestation, les langues se délient. Enthousiastes et convaincus rivalisent de compliments, signe d’une réelle satisfaction et d’une tonalité d’un discours en phase avec les attentes des auditeurs présents. D’autres regrettent le manque d’originalité, voire d’humour, qui aurait introduit, selon eux, une « réelle différence avec la psychorigidité de l’actuel Maire de Nice ». Des « anciens proches » de Jacques Peyrat distillent ça et là quelques remarques: « à partir du moment, expliquent-ils, où Estrosi ne revendique pas l’étiquette UMP, le problème de l’investiture va se poser autrement ». L’actuel « Sénateur-Maire, confie encore un autre interlocuteur, « croule sous les conseils de ne pas se représenter et de partir la tête haute ». Certains s’interrogent aussi sur les possibles « directions » – à gauche ou à droite – que prendra cette « ouverture » annoncée par le candidat. Christian Estrosi peut donc savourer cette première victoire: celle d’avoir, à l’image de son mentor politique parisien, réussi à faire éclater le magma politique niçois.
Photos: Didier Quillon
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