
Le maire de Nice a lancé, mardi 11 novembre, une pétition nationale pour interdire la vente de protoxyde d’azote aux particuliers. Après plusieurs drames liés à ce gaz détourné de son usage, la municipalité Niçoise appelle une nouvelle fois l’État à légiférer.
Christian Estrosi a décidé de passer à l’action sur le terrain politique. Ce mardi 11 novembre, le maire de Nice a lancé une pétition en ligne adressée au Premier ministre Sébastien Lecornu pour « interdire la vente de protoxyde d’azote aux particuliers sur l’ensemble du territoire. »
Dans son texte, il évoque plusieurs drames récents : « le petit Mathis ne grandira jamais. À Nice, le pompier Jérémie Boulon est tombé au service des autres. Leur point commun ? Leur route a croisé celle de chauffards ayant consommé du protoxyde d’azote. »
Cette pétition intervient dans un contexte de forte inquiétude autour de l’usage détourné du protoxyde d’azote, souvent inhalé pour ses effets euphorisants. Christian Estrosi rappelle qu’à Nice plusieurs mesures ont déjà été prise : « depuis cet été, nous avons pris un arrêté municipal interdisant la consommation, la détention et le dépôt et l’abandon de protoxyde d’azote sur la voie publique ; et depuis le 1er octobre, la vente de protoxyde d’azote est interdite à toute personne majeure sauf s’ils démontrent qu’ils sont des professionnels du commerce. »
Mais, pour le maire, ces décisions locales ne suffisent pas. Il appelle à une réponse nationale : « une Ville peut beaucoup, mais elle ne peut pas tout. Il manque une loi pour faire face à un fléau qui met des vies en danger sur nos routes et dans nos quartiers et qui représente tant un enjeu de sécurité qu’un enjeu de santé publique. »
La pétition réclame la création d’un délit pour sanctionner la revente et la détention massive de ce gaz, ainsi que des moyens légaux accrus pour les forces de l’ordre afin de renforcer les contrôles et lutter contre la vente en ligne. Christian Estrosi conclut : « nous ne cherchons pas la polémique, mais des résultats. Il y a eu trop de drames, trop de victimes. N’attendons pas la prochaine famille brisée pour agir. »
Des mesures locales, un appel national
À la fin du mois d’août, la ville de Nice avait déjà franchi un cap dans sa lutte contre le protoxyde d’azote. Elle avait adopté un arrêté interdisant sa consommation, sa détention et son abandon sur la voie publique. Les agents municipaux avaient constaté une prolifération de cartouches et de bouteilles vides, jetées dans les rues et les parcs, sources de pollution et de risques.
À compter du 1er octobre 2025, une nouvelle interdiction est entrée en vigueur : la vente du produit aux particuliers majeurs, sauf justification professionnelle. Pour Christian Estrosi, il s’agissait alors d’une étape nécessaire : « les collectivités locales sont contraintes d’agir pour pallier l’absence de législation nationale. […] Après l’interdiction de consommation cet été, l’interdiction de vente en octobre marque un pas décisif. Mais seule une loi permettra d’endiguer durablement ce fléau. »
Le maire rappelait aussi les dangers sanitaires de ce gaz : troubles neurologiques, cardiovasculaires et psychologiques. Au-delà de la santé, les installations de traitement des déchets subissent également les conséquences de l’abandon de ces cartouches sous pression, qui peuvent provoquer des explosions.
Cette préoccupation locale trouve un écho au Sénat, notamment chez la sénatrice des Alpes-Maritimes, Alexandra Borchio Fontimp.
Une mobilisation partagée entre élus locaux et parlementaires
Dès février 2025, la sénatrice avait interpellé le ministre de l’Intérieur sur « les dangers liés à l’usage détourné du protoxyde d’azote et ses impacts sur la sécurité et la santé publiques. » Elle soulignait alors que ce gaz, « indétectable et accessible en vente libre, est de plus en plus détourné de son usage alimentaire ou médical. »
À la suite du décès du pompier niçois Jérémie Boulon, causé par un conducteur sous l’emprise de ce produit, la parlementaire avait exprimé sa colère et réaffirmé la nécessité d’une réponse législative. Elle plaidait pour que la conduite sous protoxyde d’azote soit sanctionnée « même en l’absence d’accident » et pour que des restrictions soient imposées à la vente.
Le 26 juin, après un nouvel accident dramatique sur l’autoroute A8, Alexandra Borchio Fontimp avait réitéré son appel : « il est urgent de lutter contre les comportements routiers liés à l’utilisation du protoxyde d’azote. »
Elle insistait : « ce nouveau drame, qui a coûté la vie à au moins trois personnes et fait un blessé en urgence absolue, doit nous alerter collectivement. »
La sénatrice, coautrice d’une proposition de loi sur la prévention des violences routières, affirmait qu’elle resterait « pleinement mobilisée pour faire adopter ses propositions. »
La pétition lancée par Christian Estrosi s’inscrit donc dans un mouvement plus large porté par plusieurs élus azuréens. Tous demandent à l’État d’intervenir face à un phénomène qui dépasse le cadre local. En attendant une éventuelle loi, la municipalité maintient ses arrêtés et ses campagnes de sensibilisation. Le message, lui, reste le même : agir avant qu’un nouveau drame ne survienne.