
Lors du match entre Nice et Lyon, samedi 17 octobre, l’arbitre a interrompu la rencontre après des chants hostiles à Daesh entonnés pendant l’hommage aux victimes de l’attentat du 14 juillet 2016. Une décision qui a suscité colère et incompréhension à Nice, où ce moment de recueillement fait partie de la mémoire collective.
Chaque match à l’Allianz Riviera suit un rituel immuable. À la 86ᵉ minute, en souvenir des 86 victimes de l’attentat de Nice, les tribunes s’illuminent. Les supporters applaudissent, un cœur s’affiche à l’écran, les noms des disparus défilent. Ce samedi, le public niçois a ajouté à cet hommage un chant devenu habituel : « Daesh, Daesh, on t’enc*le. »
Quelques secondes plus tard, l’arbitre Jérôme Brisard a arrêté le match. Selon le communiqué de l’OGC Nice, il a demandé au speaker « de prendre le micro pour faire cesser cette manifestation sous peine que le match ne reprenne pas. » L’incident a immédiatement suscité des réactions dans le stade.
Pour de nombreux supporters, l’interruption a été vécue comme une atteinte au devoir de mémoire. Les huées ont éclaté. Le geste de l’arbitre a heurté une ville encore profondément marquée par l’attentat du 14 juillet 2016, revendiqué par Daesh.
Le président de l’OGC Nice, Fabrice Bocquet, a réagi dès la fin de la rencontre. « C’est inacceptable. C’est un manque de respect pour les victimes du 14 juillet, leurs familles, et toute la ville de Nice. Pas seulement l’OGC Nice », a-t-il déclaré.
Selon lui, l’arbitre a expliqué « ne pas être au courant » du contexte. « C’est un manque de préparation et de sensibilité, et cela n’aurait jamais dû se produire, ce dont le délégué a convenu. L’arbitre a présenté ses excuses. » Le président du club a indiqué qu’il saisirait dès cette semaine la Fédération française de football (FFF) pour éviter que cela se reproduise.
Vives réactions à Nice et au-delà
La polémique a pris de l’ampleur dès la fin du match. Sur les réseaux sociaux, élus et habitants de Nice ont exprimé leur colère. Le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti a fait part de sa « consternation » face au « manque total de discernement ayant conduit à interrompre Nice-OL ce soir. »
Le maire de Nice, Christian Estrosi, a dénoncé une « décision totalement incompréhensible. Il a ajouté : un peu de préparation et de discernement ne feraient pas de mal dans ces situations. » Son adjoint, Gaël Nofri, est allé plus loin en estimant sur X que « l’attitude de l’arbitre s’apparente à une apologie du terrorisme et doit être condamnée au plus vite par les plus hautes instances du football. »
Du côté des instances arbitrales, la défense s’organise. Interrogé par nos confrères de L’Équipe, le directeur de l’arbitrage français, Antony Gautier, a expliqué : « j’ai échangé avec Jérôme brièvement après la rencontre, s’il a clairement entendu « on t’enc… », il a été dans l’incapacité d’entendre le premier mot, à savoir le terme Daech. S’il avait eu connaissance du contexte, il n’aurait pas, à titre exceptionnel, arrêté le match. »
Il rappelle toutefois que « les arbitres ont des consignes très claires de Philippe Diallo, le président de la Fédération. Ils doivent arrêter un match pour des chants à caractère homophobe, raciste ou discriminant. C’est tolérance zéro. »
Les commentateurs du match eux-mêmes ont souligné l’erreur d’interprétation. L’un d’eux a relevé, en direct : « mais là, il se trompe Jérôme Brisard, ce n’est pas à l’adresse d’un joueur, il y a des insultes qui tombent des tribunes, mais elles sont pour ceux qui ont connu l’innommable le 14 juillet. »
À Nice, le sujet dépasse le cadre du football. L’émotion reste vive, neuf ans après l’attentat de la promenade des Anglais. Pour beaucoup, cet hommage est un moment d’unité, un repère symbolique. L’interruption du match a ravivé la douleur et l’incompréhension d’une ville encore marquée.
Ce dimanche, les réactions continuent d’affluer. Les supporters niçois disent leur colère et leur attachement à ce rituel. Le club promet des démarches auprès de la FFF. L’arbitre a présenté ses excuses. Mais à Nice, l’incident laisse un sentiment de blessure partagée.