À Nice, un collectif de citoyens excédé par les nuisances sonores de l’hôtel Mama Shelter

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Depuis l’ouverture de l’hôtel Mama Shelter dans le quartier Riquier, à Nice, le 13 juin 2024, des nuisances sonores sont dénoncées par le Collectif des riverains du Mama Shelter. 

Les résidents sont à bout ! Depuis le printemps 2024, de nombreux résidents du quartier Riquier sont en colère. La raison ? L’activité de l’hôtel Mama Shelter, au 21 boulevard Riquier. Les habitants subissent des nuisances sonores, de jour comme de nuit, depuis plus d’un an. Une situation qui devient invivable, selon les nombreux résidents interrogés.

L’activité du Mama Shelter est quasi non-stop. Certaines d’entre elles commencent, dans la matinée, à partir de dix heures, d’autres se terminent jusqu’à deux heures du matin. Ces animations, souvent musicales, s’invitent chez les résidents des immeubles qui encerclent l’hôtel. Même les fenêtres fermées, le bruit est extrêmement présent au sein des appartements. 

Un « fumoir » infernal 

En plus de la musique provenant du rooftop de l’hôtel, le « fumoir » est un nid à bruit. Les clients souhaitant sortir prendre l’air se retrouvent dans un espace serré, mais en plein air. Ainsi, le bruit monte jusqu’aux différents appartements à proximité. 

Du côté du boulevard Riquier, les résidents se plaignent des nuisances sonores provoquées par les clients qui stagnent devant l’entrée, à des heures extrêmement tardives. Selon eux, certains membres de la sécurité participent à ces nuisances en discutant avec eux. Plusieurs clients interrogés révèlent, quant à eux, avoir été réprimandés pour ces comportements, par la sécurité vigilante sur le sujet. 

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Une direction fermée à la discussion 

Pour exprimer leur ras-le-bol, de nombreux habitants se sont réunis. Une pétition a été signée par plus d’une centaine de personnes. Ils ont essayé de discuter avec la direction du Mama Shelter mais rien ne semble réellement évoluer. Le collectif a exprimé son agacement face à des nuisances sonores constantes. Cela provoque une situation devenue invivable. Face à ces plaintes, la réponse de la directrice, Florence Dupont, aurait été cash selon le collectif : « je vous conseille de déménager », auraient reçues les résidents en septembre 2024. 

Les habitants, malgré ce dialogue ardu, sont restés ouverts à la discussion, espérant simplement que la situation rentre dans l’ordre. En exprimant leur mécontentement à la direction de l’hôtel, les membres du collectif non pas eu de réponse favorable. En février 2025, Florence Dupont, directrice de l’établissement, aurait expliqué aux résidents que « le programme des soirées allait s’intensifier. »

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Une réunion avec la municipalité

Une réunion s’est organisée le 4 septembre dernier. Parmi les personnes présentes, on compte le collectif des riverains du Mama Shelter, Anthony Borré, premier adjoint, Jean-Marc Giaume, adjoint à la culture scientifique, Philippe Soussi, avocat de la ville de Nice, un représentant de la police municipale, ainsi qu’une personne des services d’hygiènes de la ville. Le collectif, lui, attend plus que des promesses de la mairie et de l’hôtel : « nous voulons des engagements écrits et des actes immédiats. »

Florentin, résident en face de l’hôtel, confiait alors les propos tenus par Anthony Borré durant la réunion, à laquelle il a assisté : « vous ne serez pas content de ce que je m’apprête à dire, débute le résident. Je me félicite, non pas des nuisances sonores que l’hôtel génère, que je trouve inadmissible. Je me réjouis de cet hôtel qui redynamise un quartier en perdition, qui permet d’apporter du travail aux Niçois. »

Le résident, selon lui, ne voit pas que du positif à la création de ces emplois. À l’heure où nous écrivons ces lignes, plusieurs pancartes des agences immobilières Century 21 et Laforêt immobilier sont affichées de part et d’autre des immeubles de la rue Arson et de Barberis. « Il y a un ras-le-bol terrible des Niçois qui demeurent à l’année et ne peuvent plus y vivre. Toute cette zone va se transformer en Airbnb, et c’est exactement le même processus mis en place, il y a une dizaine, une quinzaine d’années, que dans le vieux Nice, la rue Bonaparte et la place du Pin », étaye Florentin.

Des demandes et des exigences

Le mouvement citoyen demande, par exemple, que le rooftop soit couvert et fermé entièrement avec un traitement acoustique approprié. Si le toit ouvrant n’est pas couvert et traité, la terrasse, selon eux, doit être vide à 20 heures sans exception. Aucun concert, aucune musique ni aucune autre activité sonore ne devra plus y être organisée, quelle que soit l’heure de la journée, selon eux.

Le « fumoir », lui, doit entièrement être hermétique, une simple verrière ne suffira pas. Au contraire, elle amplifiera la résonance, d’après le mouvement citoyen. En attendant que ces travaux soient réalisés, l’organisation souhaite son interdiction d’accès. Les clients, selon le Collectif des riverains du Mama Shelter, ne doivent plus être attroupés devant l’hôtel. Enfin, le collectif demande à être informé sur la nature de tous les travaux.

Un soutien de la municipalité ?

Durant notre enquête, un document nous a été parvenu. Il s’agit d’un permis de construire à la demande du Mama Shelter, autorisé en mars 2025 par la mairie de Nice. Parmi les demandes de l’établissement, on trouve l’augmentation des dimensions de la pergola prévue en toiture, elle passe de 68 à 142 m². Il est aussi noté un agrandissement de la verrière au rez-de-chaussée avec la création de 55 m² de surface de plancher.

Aucune autre mention n’a été faite sur la couverture du rooftop, ni même d’un « fumoir » hermétique et isolé, comme le souhaite le collectif de citoyens. Le 2 mai, Christian Estrosi avait annoncé sur BFM Côte d’Azur qu’il a mis en demeure l’hôtel Anantara Plaza, en raison des plaintes d’habitants concernant des nuisances sonores. Pourtant, pour ce qui est de la situation du Mama Shelter, la mairie reste pour l’instant les bras croisés.

À Nice, un collectif de citoyens excédé par les nuisances sonores de l'hôtel Mama Shelter
Document de la municipalité niçoise de mars 2025. Photo : ville de Nice

Ce que dit la loi sur les nuisances sonores

Comme l’indique la Bpifrance dans ce document, « toute personne qui souhaite déclarer l’ouverture d’un tel établissement doit respecter à la fois la réglementation relative au débit de boissons […] Cette fiche concerne également les établissements exploitant une piste de danse dont le service de boissons n’est pas prédominant. »  

Dans une circulaire interministérielle du 23 décembre 2011, cette dernière définit la réglementation du niveau sonore. « Les articles R. 571-25 à R. 571-30, R. 571-92 et R. 571-96 du Code de l’environnement fixent des obligations aux établissements gérés par des organismes publics, privés ou associatifs, qui diffusent à titre habituel de la musique amplifiée. Ces obligations ont pour objectifs : la protection du voisinage, le respect des valeurs d’émergence, la protection de l’audition du public, le respect du niveau moyen de 105 décibels A. » 

En septembre 2013, le Haut conseil de la santé publique a proposé des mesures de niveaux de bruit afin d’actualiser la réglementation et de protéger les personnes exposées à la musique amplifiée dans les lieux de loisir comme les boîtes de nuit, les discothèques, les salles de spectacle, etc.

Les niveaux de risque pour l’oreille varient en fonction du niveau sonore mesuré en décibels A et de la durée d’exposition, allant de 0 à 120 dBA. Les dangers pour l’oreille sont donc réduits si une exposition à 85 dBA dure moins de huit heures, ou quatre heures à 88 dBA, ou deux heures à 91 dBA, ou 15 minutes à 100 dBA. 

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