Les écologistes, les socialistes et les communistes ont désigné Juliette Chesnel-Le Roux comme tête de liste pour les municipales. Le mouvement citoyen Viva! et l’APRES 06 dénoncent une décision unilatérale qui menace, selon eux, l’espoir d’un vrai rassemblement.
Le 5 septembre, c’était dans le quartier Borriglione que les responsables locaux du PS, du PCF et des Écologistes avaient officialisé leur choix : Juliette Chesnel-Le Roux conduira leur liste aux municipales de 2026 à Nice. Présidente du groupe écologiste au conseil municipal et à la Métropole, elle a été présentée comme la candidate capable de porter un projet commun.
« C’est Juliette Chesnel-Le Roux qui sera notre tête de liste. Fin du suspense », aavait déclaré Patrick Allemand, chef de file socialiste. À ses côtés, le communiste Julien Picot a été placé en deuxième position. Les quatre premiers noms de la liste sont déjà arrêtés, même si des ajustements restent à faire.
Dans ses premiers mots de candidate, Juliette Chesnel-Le Roux avait mis en avant la justice sociale et le pouvoir d’achat. « Cela passera par le logement et les transports », a-t-elle insisté. Elle a également défendu une transition écologique axée sur les mobilités propres, et une démocratie locale fondée sur la transparence et l’implication des habitants.
Julien Picot a ajouté d’autres priorités : encadrement des loyers, fin du tourisme de luxe, gratuité des transports, renforcement d’une police de proximité et lancement d’assises de la culture dès 2026.
La réunion avait aussi rassemblé des représentants de la société civile, comme la sociologue et écrivaine turque Pinar Selek. L’union affichée ne s’étend toutefois pas à toute la gauche.
Une fracture difficile à réparer
Le mouvement citoyen Viva! a contesté cette désignation. Dans un communiqué, il parle d’une « stratégie des irresponsables. » Selon ses membres, la méthode employée rompt avec la dynamique née lors des législatives de 2024, quand le Nouveau Front Populaire avait permis à la gauche d’atteindre le second tour dans plusieurs circonscriptions niçoises.
« Le choix du PS, du PCF et des Écologistes niçois d’annoncer, dès à présent et de façon unilatérale leur tête de liste, confirme l’abandon d’une sincère démarche unitaire », affirme Viva!. Pour le collectif, ce positionnement réduit les chances de construire une alternative face à la droite et à l’extrême droite.
L’organisation assure avoir proposé « systématiquement un rassemblement large de la gauche et de l’écologie sans exclusive. » Elle considère que ses propositions n’ont pas été entendues. En réaction, elle annonce vouloir poursuivre une mobilisation populaire centrée sur la démocratie locale, la solidarité et l’écologie.
Le mouvement APRES 06 rejoint ce constat. Dans son communiqué, il critique l’absence de concertation et regrette que des forces politiques et citoyennes soient écartées. « Pour garantir que toutes ces forces puissent s’exprimer et être justement représentées, l’APRES 06 continuera, sans exclusive, à travailler avec tous les partenaires désireux de construire un projet commun », écrit l’organisation.
Ces prises de position traduisent une inquiétude : l’unité affichée par les trois partis pourrait masquer une division plus profonde au sein du camp progressiste.
Entre volonté d’ouverture et réalités politiques
Du côté des responsables socialistes, communistes et écologistes, le discours reste ouvert. « Nous travaillons avec tout le monde, sans ligne rouge, pour répondre à l’intérêt de la population », a rappelé Julien Picot. Les discussions avec La France insoumise 06 n’ont pas abouti depuis le début de l’été, mais les responsables affirment que la porte n’est pas fermée. Avec Viva!, le contact n’est pas rompu non plus, même si le désaccord est frontal.
La situation illustre un paradoxe. D’un côté, une liste commune s’esquisse, structurée autour d’une élue écologiste et appuyée par les partis traditionnels. De l’autre, des collectifs citoyens dénoncent une logique de partage de postes et appellent à un processus plus large.
À six mois du scrutin, l’incertitude demeure. La gauche niçoise s’engage dans une campagne longue, sur fond de tensions internes. Les thèmes mis en avant — logement, transports, transition écologique, démocratie locale — témoignent d’enjeux partagés. Mais la stratégie pour y répondre divise encore.
Reste à savoir si, d’ici 2026, ces forces trouveront un terrain d’entente ou si elles se présenteront séparément face à Christian Estrosi et Éric Ciotti.