Le dispositif « Octobre Rose 2025 » commence dans quelques jours et la participation au dépistage organisé du cancer du sein reste alarmante dans les Alpes-Maritimes. Seulement 35 % des femmes concernées se font dépister, contre 44 % en moyenne nationale. Face à la désinformation des réseaux sociaux, le Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers (CRCDC) Sud PACA redouble d’efforts avec 29 événements prévus dans le département pour sensibiliser et informer.
Tous les ans depuis 1994, le dispositif « Octobre Rose« , qui a pour but de sensibiliser les femmes de tout âge au dépistage du cancer du sein, revient partout en France. Le dépistage organisé du cancer du sein s’adresse à toutes les femmes entre 50 et 74 ans, sans symptômes ni facteurs de risque élevés. Ce diagnostic anticipé évite un traitement lourd, permet une guérison plus certaine et plus rapide. Plus le cancer du sein est détecté tôt, plus les chances de guérison sont importantes. Son diagnostic précoce permet un taux de survie à cinq ans de près de 90%.
Dans les Alpes-Maritimes, la participation au dépistage organisé du cancer du sein recule dangereusement. 44 % en 2016 contre seulement 35 % en 2024. Une diminution préoccupante alors que ce programme national gratuit permet de sauver des vies. Le cancer du sein est le premier cancer féminin en France, avec plus de 61 000 nouveaux cas en 2023, et la première cause de décès par cancer chez la femme avec 12 000 morts chaque année.
Plusieurs facteurs expliquent ce manque d’engagement. Tout d’abord, il y a une méfiance grandissante vis-à-vis des institutions de santé, des difficultés d’accès pour certaines femmes éloignées d’un centre d’imagerie, mais surtout la puissance de la désinformation sur les réseaux sociaux.
Certaines fausses idées persistent : “la mammographie serait douloureuse et irradiante” ou encore “le dépistage individuel (DI) serait meilleur que le dépistage organisé (DO).” Faux, répond fermement Catherine Maestro, radiologue et deuxième lecteur depuis 1989 : “plus ces fausses informations sont partagées, plus elles sont considérées comme vraies.” Pourtant, les mammographies modernes sont peu irradiantes et quasi indolores. Et le DO, avec sa double lecture systématique, permet de détecter 5 à 6 % de cancers supplémentaires par rapport à un dépistage individuel. Dans les Alpes-Maritimes, le DO a permis en 2024 de repérer près de 5 % de cancers passés inaperçus lors d’une première lecture.
Le CRCDC en première ligne pour Octobre Rose 2025
Dans ce contexte, le CRCDC Sud PACA intensifie sa mobilisation pendant tout le mois d’octobre. Sa mission est d’informer, rassurer et aller vers les publics les plus éloignés du dispositif.
Pas moins de 29 actions sont prévues dans les Alpes-Maritimes avec des stands d’information dans les villes, des ateliers de sensibilisation, des conférences, mais aussi des événements sportifs et courses caritatives. L’objectif est de toucher un maximum de femmes, y compris celles en situation de précarité ou de handicap.
Pour amplifier son message, le CRCDC a multiplié les partenariats. Avec les Restos du Cœur 06, afin de sensibiliser les femmes les plus vulnérables. Avec AMETRA, la médecine du travail, qui rappellera aux salariées l’importance du diagnostic. Avec les cinémas Pathé de Nice, où un spot de sensibilisation est diffusé avant chaque séance.
Au-delà de ces actions de terrain, des formations spécifiques sont proposées aux pharmaciens et radiologues afin de mieux expliquer les bénéfices du DO et rassurer face aux rumeurs.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, entre 2022 et 2023, plus de 300 000 mammographies ont été réalisées en PACA. Mais dans les Alpes-Maritimes, la marge de progression reste immense.
L’intelligence artificielle, un allié du dépistage organisé
Si la mobilisation humaine est essentielle, la technologie pourrait bien révolutionner la lutte contre le cancer du sein. Le CRCDC Sud PACA teste actuellement l’intégration de l’intelligence artificielle dans le dispositif du dépistage organisé.
Le principe est simple, la mammographie est d’abord analysée par un radiologue, puis relue dans le cadre de la double lecture. Désormais, une IA intervient pour signaler aux médecins les clichés potentiellement suspects, en les classant par probabilité de risque. Mais attention : “l’IA ne remplace pas le radiologue, c’est un outil !”, insiste Patrice Heid, directeur général du CRCDC Sud PACA.
Actuellement en phase de test, l’IA ne décide pas. Tous les clichés sont relus, qu’ils soient jugés suspects ou non. Mais à terme, si son efficacité se révèle équivalente – ou meilleure – que celle d’un radiologue en deuxième lecture, elle pourrait devenir un atout majeur. Comme le rappelle Patrice Heid : “il n’est pas question d’accepter que les résultats de l’intelligence artificielle soient moins bons que celui d’un radiologue spécialisé.”
En 2024, la cinquantaine de seconds lecteurs agréés en PACA ont assuré près de 160 000 deuxièmes lectures. Demain, l’IA pourrait épauler ces experts et accélérer encore le processus, tout en maintenant le haut niveau d’exigence du dépistage organisé.