Prévu à la suite du plan de l’ex-Premier ministre François Bayrou, le 15 juillet dernier, les mouvements sociaux se sont organisés à Nice, le 10 septembre, au quartier Magnan et devant le palais des expositions. On vous récapitule ce qui s’est passé.
Partis à 14 heures du quartier de Magnan, près de 500 personnes ont défilé ce mercredi dans les rues de Nice, à l’appel du Front Populaire Étudiant et de plusieurs organisations de jeunesse. Le cortège, mêlant étudiants, enseignants, retraités et salariés précaires, a traversé la ville avant de rejoindre la gare Thiers où la mobilisation s’est achevée vers 17 heures.
« On n’a plus rien à perdre, mais beaucoup à défendre », souffle Clara, 21 ans, étudiante en sociologie. Elle raconte les repas sautés, les fins de mois impossibles. À côté d’elle, Marc, serveur de 25 ans, se dit « épuisé » : « je fais 35 heures sur le papier, 45 en vrai. Et à la fin, il ne me reste rien. »
Le cortège ne se contente pas de défiler. Certains chantent, d’autres tapent dans leurs mains. Hélène, ancienne institutrice de 67 ans, marche au milieu des étudiants. Elle rit : « j’ai connu Mai-68. Je retrouve ici la même énergie, la même envie de dire stop. »
En arrière-plan, l’actualité politique fait parler, la chute de François Bayrou, renversé par une motion de défiance la veille, et la nomination express de Sébastien Lecornu à Matignon, attisent les discussions. « Lecornu ou Bayrou, c’est la même histoire », lance un étudiant au mégaphone. Une militante syndicale renchérit : « on change le visage, pas la politique. »
Dans le cortège, la diversité des organisations présentes donne la mesure du rassemblement. Le Front Populaire Étudiant, initiateur de l’appel, défile en tête, aux côtés de sections locales de syndicats comme Solidaires et la CGT.
Thibault Diederichs : « ce qui se joue aujourd’hui dépasse la question budgétaire »
Équipé d’une sono, Thibault Diederichs, co-président du Front Populaire à Nice, prend la parole : « ce qui se joue aujourd’hui dépasse la question budgétaire. C’est l’avenir de notre génération qui est en cause. Nous ne voulons plus payer la crise des autres, nous voulons une société qui mette la jeunesse et les travailleurs au centre. » Des applaudissements nourris ponctuent son intervention.
Des tracts de la Gauche Alternative circulent de main en main, titrés « Bayrou s’en va… ce n’est qu’un début ! », appelant à transformer cette démission en contre-offensive sociale et écologique. « Ce n’est pas seulement une manif, c’est un projet de société qu’on défend », explique un militant en distribuant les feuillets jaunes et rouges.
Mais la mobilisation n’est pas unanime. En marge de la manif, la FACE 06 (Fédération des Associations et Corporations Étudiantes des Alpes-Maritimes) a publié un communiqué critiquant les blocages organisés le matin sur les campus Carlone et Valrose, rapidement fermés par l’administration. « L’université est avant tout un lieu d’apprentissage, d’échanges et de diversité. Le droit de manifester doit coexister avec le droit d’étudier », écrit la fédération, qui défend la continuité de l’ouverture des campus.
La situation de la manifestation devant le palais des expositions
La manifestation a eu lieu ce mercredi 10 septembre, à 14h30, devant le palais des expositions, sous l’égide du « Droit au logement 06 ». Les revendications des groupes de citoyens sont claires. « Greenpeace, comme d’autres associations de protection de l’environnement, sont extrêmement mécontentes de ce qui a été fait par les gouvernements successifs. Leurs politiques détruisent l’environnement, appauvrissent les personnes et tout le monde est perdant », soutient Anthony, militant chez Greenpeace Nice.
Lors de cette réunion, plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées pour discuter à l’instar d’une assemblée citoyenne et réfléchir sur les difficultés rencontrées sur le territoire et les solutions envisageables. « Les gens ont de plus en plus de difficultés pour vivre, pour utiliser les services publics qui leur sont dus. Justement, on ne paie pas d’impôts de la même façon. Il y a une injustice fiscale énorme des grandes entreprises et des fortunes », déplore Olivier Salerno, co-référent de La France Insoumise des Alpes-Maritimes.
La sécurité renforcée au détriment de la protection des journalistes
Dans le contexte des appels à manifester à Nice et en France, dans une situation politique instable, l’association Reporter sans Frontière condamne les nouvelles prérogatives prises par le ministère de l’Intérieur et de la police nationale. Ce document, publié dans le silence de l’été, nie toutes les avancées en matière de protection des journalistes qui couvrent les manifestations.
L’annonce de la mobilisation de 80 000 policiers et gendarmes à travers toute la France et des ressources utilisées ne rassure pas l’organisation RSF. « Le ministère de l’Intérieur et la police nationale doivent impérativement donner des garanties sur l’exercice du journalisme et la protection des reporters en situation de violences urbaines », insiste Thibault Buttin, le directeur général de RSF. Pour l’instant, une incertitude reste : le mouvement social va-t-il s’inscrire sur le long terme ?
De nombreux vols annulés à l’aéroport de Nice
Du côté de l’aéroport de Nice, l’appel à la grève des aiguilleurs niçois s’est faite remarqué. En effet, 17 vols en provenance de ville en France ou d’Europe ont été annulés aujourd’hui à partir de 18h, comme l’avait annoncé la Direction générale de l’aviation civile lundi dernier.
En plus de la grève d’aujourd’hui, la CGT Air France prévoit aussi une nouvelle journée de grève le 18 septembre prochain. Cet appel à la grève poursuit le mouvement social d’aujourd’hui visant à mettre le pays à l’arrêt. Nul doute qu’il sera suivi par d’autres inter syndicats vu l’ampleur du mouvement national d’aujourd’hui.