Noam Yaron devient recordman du monde après avoir bouclé sa traversée Calvi–Monaco de 180 km à la nage

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Parti le lundi 11 août de Corse, le nageur Noam Yaron Suisse de 28 ans est sorti de l’eau ce vendredi 15 août après près de cinq jours et quatre nuits de nage continue. Une performance inédite pour sensibiliser à la protection de la Méditerranée.

Lundi 11 août 2025, au petit matin, le port de Calvi s’est animé autour d’un départ pas comme les autres. Noam Yaron, 28 ans, a plongé dans la Méditerranée avec un objectif clair : relier Monaco à la nage, sans interruption, sur un parcours de 180 km. Pendant près de cinq jours, il a avancé bras après bras, jour et nuit, dans un défi physique et mental destiné à alerter sur l’état de la mer et la nécessité de protéger sa biodiversité.

Ce projet, il le préparait depuis deux ans. En 2024, il avait déjà tenté cette traversée mais avait dû s’arrêter après 100 km, stoppé par une météo hostile. Cette fois, il revient avec plus d’expérience et un dispositif scientifique pour collecter des données tout au long du parcours, en collaboration avec le Conseil scientifique des îles de Lérins (CSIL) et la station STARESO de Calvi.

Un rythme précis et des conditions changeantes

Dès les premières heures, Noam Yaron adopte une routine millimétrée : toutes les trente minutes, une pause active sur le dos pour s’hydrater ; toutes les heures, une pause plus longue pour s’alimenter, souvent à base de pommes de terre, bananes, œufs et cannelle. Les repas lui étaient transmis grâce à une bouée, pour lui permettre de rester presque entièrement autonome.

Noam Yaron nage derrière un catamaran qui lui donne le cap à suivre.
Photo DR : Noam Yaron Production – Studio Filmiz.

La météo alternait entre accalmies et passages agités. Lundi soir, le vent était monté à 12 nœuds, soulevant les vagues. La trajectoire fût légèrement modifiée par moment. Durant les nuits, des épisodes imprévu compliquaient parfois les choses. Comme lorsqu’une une corde s’emmêlait dans l’hélice du bateau, rapidement libérée par l’équipage.

Rencontres marines et suivi scientifique

Les journées en mer étaient ponctuées de surprises. Au coucher du soleil, des méduses obligeaient Noam à enfiler gants, chaussons et cagoule. La nuit suivante, il croisait un jeune dauphin joueur, surnommé « Bébé Flipper ». Dans le sillage des catamarans de soutien, les scientifiques prélèvent du plancton, filtraient des microplastiques et collectent de l’ADN environnemental. Des observations ont permis de repérer une raie mobula, un rorqual commun et un groupe de dauphins Stenella.

Ces données permettront d’évaluer l’état de l’écosystème pélagique, dans une mer qui, malgré son statut de zone protégée dans le sanctuaire Pelagos, reste exposée à la pollution, aux collisions maritimes et à la pêche industrielle.

Records personnels et lutte contre la fatigue

Mercredi matin, après plus de 50 heures de nage, Noam franchisait les 110 km, battant son record personnel et dépassant la distance atteinte en 2024. Mais la fatigue s’installait déjà. Les hallucinations apparaissaient : impression d’être bloqué dans un ravin, visions d’animaux imaginaires ou d’une course fictive devant la ville de Calvi.

Pour limiter la désorientation, l’équipe avait décidé de remplacer la ligne lumineuse flottante par une ligne lestée au fond, offrant un repère plus stable. Des vidéos d’encouragement envoyées par ses proches l’aidait à retrouver de l’énergie. Une énergéticienne intervenait aussi à distance, avec son accord, pour atténuer ses douleurs et démangeaisons causées par le sel.

La dernière ligne droite

Mercredi soir, Noam Yaron entrait dans le courant ligure. Une zone imprévisible où les modèles météo divergent. Le moral alternait entre phases de motivation et moments de doute. Les pauses étaient parfois allongées pour permettre de courtes siestes.

Jeudi 14 août, il ne restait plus que 20 km. L’équipe se préparait à un orage annoncé, avec des rafales prévues à 50 km/h. Finalement, l’orage s’est éloigné, mais le vent poussait Noam à contre-courant, ralentissant sa progression. L’arrivée, initialement prévue vers 1 heures du matin, est repoussée. C’était le début de la tempête sous les crânes.

Un effort jusqu’au bout

Toute la journée les supporters et curieux ont attendu l’arrivée du champion Suisse. Les derniers kilomètres furent les plus exigeants. Le nageur a lutté contre la désorientation et la fatigue extrême. L’équipe était en alerte maximale, prête à interrompre la traversée en cas de problème médical.

Finalement vers 16 heures, après près de cinq jours et quatre nuits sans sortir de l’eau, Noam Yaron en a enfin terminé avec son défi fou, devant la plage de l’Hôtel Le Méridien Beach Plaza. Après l’inquiétude son équipe rassure : il respire, parle et a immédiatement été pris en charge par des médecins. Une conférence de presse est prévue le lendemain pour donner des nouvelles détaillées dont nous vous ferons part dimanche matin.

Un message pour la Méditerranée

Cette traversée n’était pas seulement un défi sportif. Elle portait un message clair : la Méditerranée, qui ne représente que 0,8 % de la surface des océans, concentre 25 % du trafic maritime mondial. Les collisions avec les navires sont la principale cause de mortalité non naturelle pour les cétacés. Réduire la vitesse à 10 nœuds pourrait sauver de nombreuses vies.

En pleine canicule marine, avec une température de surface proche de 30 °C relevée par l’équipe scientifique, la mer subit une surchauffe inquiétante. L’océan, régulateur thermique, peine à absorber cette chaleur, ce qui menace directement la biodiversité et l’équilibre climatique.

Pour Noam Yaron, ces cinq jours sont un rappel de l’urgence d’agir. Sa traversée de 180 km est un symbole : celui d’un engagement total pour défendre la nature et alerter sur l’état d’un écosystème unique, mais fragile.

Noam Yaron nage derrière un catamaran qui lui donne le cap à suivre.
Photo DR : Noam Yaron Production – Studio Filmiz.
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