Laurent Salverius, directeur général de Girly Car : « on se veut éthique au sens large du terme »

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Girly Car est la première application VTC exclusivement destinée aux femmes. En misant sur la sécurité, la transparence et le respect, elle propose une alternative concrète aux plateformes traditionnelles. Interview de Laurent Salverius, directeur général de la plateforme.

Face aux agressions, aux refus de course et au sentiment d’insécurité que peuvent ressentir de nombreuses femmes lorsqu’elles utilisent des VTC, Girly Car entend proposer une solution différente. Première application du genre en France, elle place la sécurité des passagères au cœur de son modèle. Son directeur général, Laurent Salverius, revient sur les défis et motivations de cette initiative encore rare dans un secteur largement dominé par les hommes.

Qu’est-ce qui vous a personnellement motivé à créer une plateforme de VTC pensée pour les femmes ?

L.S. : « En 2019, il y avait une série d’actualités qui allaient dans le sens des agressions des femmes. Le #ubercestover était sorti et faisait état de ce nombre croissant d’agressions dans les VTC. Des statistiques alarmantes disaient que quasiment toutes les femmes qui prenaient des VTC en avaient subi au moins une. Pas forcément au sens d’une agression forcément sexuelle, mais des propos déplacés, un sentiment d’insécurité, etc. Puis, un de mes partenaires dans l’aventure, avait une société de VTC traditionnelle. On s’est dit : « Tiens, faisons essayons de sortir une plateforme qui pourrait résoudre ce problème-là.«  D’où Girly Car !

En quoi Girly Car se différencie concrètement des autres plateformes de VTC ?

L.S. : On se veut éthique au sens large du terme. Dans les comportements, mais aussi dans la grille tarifaire proposée aux aux conducteurs et aux conductrices. Nos frais de plateforme sont à 12,5 % contre 55% pour Uber. Dans notre analyse, on a vu s’opérer une paupérisation des Uber. En conséquence, des conducteurs deviennent des mercenaires de la route. Notre manière d’établir les tarifs n’est pas algorithmique. Par exemple, pour une même course qui part d’un point A à un point B, on n’aura pas une première fois un tarif à 27 euros, une deuxième à 22, et une troisième à 35. On va strictement considérer des éléments factuels de temps de distance, d’heures de prise en charge…

Comment garantir la sécurité des passagères ?

L.S. : La sécurité passe d’abord par un environnement respectueux. Dès l’inscription, un filtre naturel s’opère : les conducteurs peu sensibles à une approche féminine ne s’inscrivent pas. Mais on ne peut pas proposer une offre 100 % féminine. Seulement 7 % des chauffeurs VTC sont des femmes. Ce chiffre ne dépasse pas 2 % la nuit. Nous laissons donc le choix aux clientes de sélectionner leur conducteur ou conductrice à l’avance. On encourage les réservations. Par exemple, une de nos cliente a un travail qui démarre tôt le matin à Nice. Elle prend à 4h50 son véhicule. La première fois qu’elle a pris le service, elle l’a fait à travers une précommande. Désormais, elle a une conductrice attitrée.

Comment évaluez-vous vos conducteurs et conductrices ?

L.S. : C’est le plus difficile. Ils sont jugés vis-à-vis des retours de nos clientes. On est extrêmement vigilants. S’ils se comportent mal, nous, on ne va pas porter plainte à la police, mais on donnera toutes les infos. Cette transparence-là est annoncée auprès de notre communauté.

Proposez-vous des formations spécifiques pour vos conducteurs et conductrices ?

L.S. : On a un accord avec trois centres de formation. C’est quelque chose qui n’est pas en place mais qu’on a mis en projet. On souhaite avoir de la formation continue. On interviendrait au moment de la formation VTC dans ces centres de formation. Certaines dames auraient la possibilité de bénéficier de places gratuites dans les sessions offertes par ces centres, dans le cas où elles ne seraient pas dans les conditions d’avoir un financement par l’État. Ensuite, l’idée est d’aller dans un processus de sensibilisation.

Peut-on dire que Girly Car est un un levier de réinsertion professionnelle et d’émancipation économique pour vos conducteurs et vos conductrices ?

L.S. : Exactement, dans le sens où nous rendons la marge aux conducteurs. On ne peut pas travailler gratuitement, mais on doit avoir ça. L’objectif, si nous atteignons un succès important et suffisamment de rentabilité, c’est de convaincre des partenaires de visibilité d’avoir une publicité dont le fruit serait pour une grande partie redistribué dans le modèle, de sorte à avoir un intérêt à se connecter à la plateforme.

Avez-vous déjà conclu des partenariats avec des associations féministes ou des structures d’aide spécifiques aux femmes ?

L.S. : On est pour l’instant entre l’œuf et la poule. On est reparti vers la méthode traditionnelle d’emailing, parce qu’on essaie aussi de toucher une communauté de dames un peu plus âgées qui ont des besoins de se déplacer de manière régulière, que ce soit pour aller prendre soin d’elles chez le coiffeur, faire des courses… Nous cherchons un partenaire qui croit en ce projet d’intégration et qui nous ferait confiance pour atteindre une communication positive. Mais l’ensemble des développements que nous avons faits aujourd’hui ont été faits en fonds propres, on n’est pas une société capitalisée. C’est surtout la visibilité qui manque. »






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