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29 mars 2024

Nissart Killer (Episode 3) : Froid comme la mort

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Le temps de donner à manger à Domino – La chatte de la maison – car la journée risquait d’être longue, et il enfourchait déjà sa bécane en direction de la vieille ville.


nissart_killer_3.jpg Retrouvez les deux premiers épisodes dans la rubrique Nissart Killer.

Les rues de Nice étaient quasiment désertes et les engins de nettoiement, déjà en action, œuvraient pour essayer de lui donner un aspect rutilant pour le réveil de ses habitants et de ses touristes. En dix minutes, le trajet avait été avalé. Fred gara sa moto devant le restaurant, pendant que les maraîchers terminaient d’installer leurs bancs. Une nuée de « ficanas », des curieux dans le texte et en langue locale, étaient agglutinés devant les grilles de l’établissement et le cordon de policiers avait le plus grand mal à les contenir. Fred entra en présentant sa carte aux deux policiers qui le gratifièrent d’un salut en règle.

« Salut Fred, bon voilà le topo. Maxime Latour, chef et propriétaire de l’établissement a été retrouvé ce matin par les personnes de la société de nettoyage dans le congélateur du sous-sol. Viens, c’est par là. » Nathalie avait claqué une bise matinale et plutôt rapide à son supérieur.

Tous deux entrèrent dans la chambre froide qui faisait la taille d’un studio au milieu du duquel se trouvait une grosse caisse dans lequel était recroquevillé et parfaitement ficelé la victime. « On dirait un rôti géant… » Pensa Fred.

« Il a été trouvé à 4h30 par les deux personnes que tu as vues en entrant, mais elles sont totalement hors de cause. Deux chefs cuisiniers, ça commence à faire un peu beaucoup non, patron ? ». Fred avait une sainte horreur que Céline l’appelle comme ça, même si dans la réalité, il en était bien ainsi.

« Oui Céline, là je pense qu’on est vraiment dans la merde ! » avait lâché Fred qui n’avait plus vraiment l’ombre d’un doute sur un rapport entre ce meurtre et celui de Ramage.

« Qu’est-ce que dit le légiste ? », enchaîna Fred.

« Le légiste, répondit Samy qui trimbalait un sachet plastique transparent à l’intérieur duquel se trouvait un morceau de la corde qui saucissonnait le chef, dit que la victime est morte congelée, après avoir été droguée et habilement ficelée afin qu’elle ne puisse plus bouger. Je dirais qu’il est mort en moins de deux heures et qu’il a essayé de se libérer de ses liens, mais sans succès, quand on voit les traces sur ses poignets, ses chevilles et son cou. Je dois encore vérifier si l’asphyxie n’est pas la cause du décès, mais sinon, on est bel et bien sur un nouvel homicide Fred. »

« Je rentre au bureau et on se retrouve dès que vous avez fini. » Céline et Jeff avaient reçu l’information ; comme s’ils n’étaient pas déjà bien affairés à boucler la première phase de l’enquête. Le Cours commençait à se remplir. La nouvelle s’était certainement répandue à la vitesse grand V dans le quartier, ce qui n’arrangeait pas les choses.

« Au fait, vous avez entendu aussi pour Alain Roullier, le candidat aux municipales qui a été trouvé mort chez lui. Vous en savez un peu plus ? » Questionna Fred.

« Mort naturelle, Chef. Il n’aurait manqué plus que ça à l’enquête, à quelques semaines des municipales. On est déjà assez dans le pétrin avec nos deux victimes. » Avait soupiré Céline

« Hey Fred, aloura ? » Daniel qui était, comme chaque matin, sur le Cours Saleya pour y faire son marché chez Mme Mignonne, avait interpellé son ami dès sa sortie du restaurant.

« C’est la merde, bicou, le chef de « Fenêtre sur Cours » s’est fait descendre », lui dit discrètement Fred.

« Ho putain, merde ! » Répondit Daniel. « Au fait, hier, j’ai vu notre présidente du Cercle de la Capelina d’Or, tu sais Renée Graglia, elle m’a demandé que tu l’appelles au sujet de Ramage. Je sais qu’il faisait partie de l’association, mais on ne le voyait jamais aux réunions. Autant, elle a peut-être quelque chose sur lui. Je t’envoie son numéro par SMS, allez file ! » Conclut Daniel en tapant dans le dos et sur l’aigle brodé sur le cuir de son ami.

« Oui envoie, je l’appelle dans la journée. Essaie un peu de tendre l’oreille dans le quartier et je passe te voir, ce soir. Allez go, ça doit être le « pati » au commissariat. » Fred avait enfilé son casque et s’était engouffré par l’un des porches du Cours Saleya pour ressortir sur le quai des Etats-Unis, direction Auvare.

Effectivement, le commissariat était en pleine ébullition. Vincent était dans son bureau, devant lequel campaient cinq ou six journalistes en attente d’être reçus par le chef et son responsable de la communication. Fred passa devant le bureau en faisant un signe de tête complice à son supérieur qui s’était levé pour faire rentrer les caméras piaffant d’impatience de capter des images.

« Cathy, s’il vous plait, Apportez-moi le dossier Ramage mis à jour et les premiers éléments de celui de Latour et, sans vous embêter, si vous pouviez me faire un café », demanda Fred

« Bien sûr inspecteur, sans sucre comme d’habitude » Cathy, son assistante administrative qui l’accompagnait depuis sa nomination, il y a bientôt 10 ans, était déjà partie en quête des trois requêtes de son patron quand le téléphone de Fred se mit à vibrer en indiquant un numéro masqué.

« Allo, Frédéric Ségur à l’appareil ».

« Je sais qui vous êtes Monsieur Ségur, comme je sais aussi que vous êtes sur les deux meurtres de Ramage et de Latour. Je serai bref, cherchez donc autour du Grand Orient de Nice, si vous souhaitez en savoir un peu plus sur ces affaires. Bonne chance Monsieur Ségur, même s’il vous faudra bien plus que cela pour dénouer cette intrigue». Un bip sourd mit fin à la conversation et Fred se leva rapidement pour rejoindre le « labo », comme les policiers du commissariat l’appelaient.

« Les gars, je viens de recevoir un appel masqué sur mon portable, je vous le laisse et voyez ce que vous pouvez en tirer. J’ai bien peur qu’on ne puisse pas en tirer grand-chose car l’interlocuteur n’est resté que quelques secondes au bout du fil », dit Fred en tendant son mobile au laborantin en blouse blanche qui connecta l’appareil à son ordinateur.

« Effectivement Monsieur Ségur, appel masqué et une dizaine de secondes de connexion, ça ne va pas être suffisant, je pense. J’enregistre les données et je vais voir ce que je peux faire. » Répondit l’informaticien à Fred qui retourna à son bureau où les deux dossiers et son café l’attendaient. Tout comme Céline et Jeff qui étaient à peine revenu de la scène de crime.

« Rien à nouveau, pas une trace d’effraction, ni de lutte. Les analyses toxicologiques sont en cours mais, à mon avis ça, ne va pas donner grand-chose d’après Samy. » Avait répondu Céline qui feuilletait le dossier encore peu épais de l’affaire Latour.

« Je viens de recevoir un coup de fil étrange qui me dit d’aller chercher autour du Grand Orient de Nice. Evidemment, appel masqué et quelques secondes seulement, donc impossible à retracer à moins d’un miracle », expliqua Fred. « La Franc Maçonnerie, merde, et la prochaine étape c’est quoi, des extra-terrestres… », Répondit Jeff, du tac au tac.

« Je sais Jeff, je vais voir avec le chef pour savoir comment il veut qu’on procède et en attendant on garde la nouvelle au chaud, ok ? » « Pas de souci Fred », répondirent les deux fidèles adjoints.

Il est vrai qu’il n’était pas si simple d’enquêter dans le milieu de la maçonnerie, à Nice comme partout ailleurs, d’abord parce que c’est une société peu ouverte vers l’extérieur et, ensuite, parce qu’on y trouvait la pus grande partie du gratin local (avec toutes les couches qui vont avec). Les journalistes quittaient à présent le bureau du commissaire principal, raccompagnés à la sortie par le responsable de la communication régional. Vincent rejoignit le bureau de Fred pour un topo complet.

« Et merde ! C’était déjà pas assez compliqué deux affaires de meurtres qui ont toutes les chances d’être liées, il faut maintenant que ça concerne peut-être aussi les Maçons. » Le commissaire n’avait que très peu apprécié, lui aussi, la nouvelle, conseillant vivement à Fred de marcher sur des œufs et de contacter l’ancien commissaire central, bien connu pour avoir enquêté sur l’affaire des dossiers volés dans les années 80, et pour être lui-même Franc Maçon, comme il l’avait expliqué dans de nombreux ouvrages qu’il a écrit sur le sujet.

Fred le connaissait bien puisqu’il avait été son patron, durant quelques années, avant son départ à la retraite et la nomination de Vincent au poste de commissaire. « Tu as raison Vincent, je vais le contacter au pus vite, il pourra certainement nous être très utile sur ces dossiers. »

La conversation fut stoppée par l’entrée de l’informaticien dans le bureau de Fred, qui était resté ouvert. « Inspecteur Ségur, nous n’avons rien pu faire pour l’appel sur votre portable. Je vais faire une dernière tentative avec l’opérateur et je vous tiens au courant. »

« Merci et n’hésitez pas à m’appeler si vous avez du nouveau » Remercia Fred en composant le numéro de son ancien patron. Deux sonneries puis : « Tiens, tiens, Inspecteur Ségur, ce matin, j’aurais parié sur votre appel. Comment allez-vous mis à part les deux meurtres que vous avez sur les bras ? » Les nouvelles vont vite, voire très vite quand on a occupé un poste comme le sien.

« Je vais bien patron, merci et, en effet, c’est un peu compliqué. Auriez-vous, s’il vous plaît, un moment à m’accorder, dès que possible, afin que je vous donne certains détails de l’enquête qui pourraient fort vous intéresser ? » Questionna Fred.

« Et bien, je serais de retour sur Nice, ce soir vers 18h, si vous le désirez, vous pouvez passer chez moi prendre l’apéritif, nous aurons le temps de discuter de tout cela. Cela vous convient ? » Demanda l’ancien commissaire.

« Oui c’est parfait, je serais chez vous à 18h pile, merci patron. » « Pas de quoi, je vous dois bien ça, A ce soir, Fred ! ». Et il raccrocha.

En effet, Fred avait, en son temps, sauvé la vie du commissaire, dans une intervention sur laquelle ils travaillaient ensemble. Un braquage d’un fourgon blindé qui avait mal tourné sur la 202 et durant lequel, les braqueurs s’étaient barricadés dans le fourgon avec un otage. A l’attaque du fourgon, l’un des deux braqueurs sortit du véhicule avec un fusil automatique à la main et arrosa tout ce qui était devant lui.

Au même moment, Fred avait plongé sur le commissaire en le projetant à terre alors que les policiers de la brigade d’intervention avaient répliqué au plus vite en touchant mortellement le malfaiteur à plusieurs reprises. Après analyse des impacts de balles, il avait été démontré que de nombreuses trajectoires allaient en direction du commissaire.

« Céline, Jeff… Je vois le patron ce soir, je vous appelle après l’avoir vu. » Fred avait attrapé sa veste et tout en l’enfilant avait prévenu ses deux adjoints avant de repartir sur le terrain en quête d’informations complémentaires.

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