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31 octobre 2024

l’Assemblée de Marianne: « L’ argent sale » au centre du débat entre Éric Ciotti et Alain Bauer

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Alain Bauer, spécialiste reconnu de la sécurité et du banditisme et le Président du Conseil Général des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, ont débattu ce jeudi sur la question de savoir si les autorités pouvaient contrôler l’argent du crime.

Ces deux sujets sont forcément étroitement liés.


ciotti-marianne.jpg Dans un autre amphithéâtre du CUM (Centre Universitaire Méditerranéen), Eric de Montgolfier, William Bourdon (avocat) et Abdeslam Aboudrar (cofondateur de Transparency Maroc, Président de l’instance générale de prévention de la corruption) traite du sujet de « La corruption, premier budget mondial ? ».

Éric Ciotti commence le débat en rappelant que la réponse à la question était évidente, que les instances doivent le contrôler mais ont-elles les moyens de le faire ? Et comme l’aime à rappeler le Président du Conseil Général : « Est-ce que le crime paie ou non ? ».

Pour ce débat, les deux intervenants sont entourés de Frédéric Ploquin, modérateur de cette heure et demi mais également journaliste d’investigation spécialiste du banditisme, de la police et du renseignement.

Il donne déjà les bases en montrant le chiffre du crime en France : 150 millions d’euros par an !. Les deux intervenants sont en général assez d’accord sur les nombreux points développés en cette fin d’après-midi comme sur le fait que de supprimer l’argent liquide : « Ramener le seuil de paiement de 3000 à 1000€ ». « Notre système financier est devenu totalement virtuel. 67 milliards de dollar produits par les banques clandestines, l’équivalent des banques dites normales ». Un constat alarmant.

L’argent du crime organisé représente aujourd’hui, selon ses chiffres, 2000 à 3000 milliards d’euros sur la planète soit 3 à 5% de la ressource mondiale, pire cela représente la production sur une année de la France ! ». Mais c’est également un poids économique dans certaines régions du monde qui vivent des activités criminelles et délictuelles : « La mondialisation favorise l’argent du crime. Nous avons des outils mais les réseaux sont bien organisés ».

Pour les deux débatteurs, il faut taper dans le portefeuille des malfrats. La prison ne leur fait plus peur, il faut absolument saisir les biens (véhicules, immobilier). La Loi Warsmann de 2010 prévoit la remise en place de saisie des avoirs issus du banditisme. En 2011, il y a eu 8000 saisies pour un montant de 200 millions d’euro. Prendre cet argent sale , blanchi pour le mettre dans le développement, la recherche contre ces groupes mafieux.

Pour Alain Bauer, la société a malheureusement accepté la normalité de la corruption. Pire, la crise aurait un effet booster sur la criminalité économique car les règles sont assouplies pour relancer la croissance. « Optimisation fiscale, joli mot pour fraude fiscale ». « Il faut aller plus vite ». Une chose pas forcément facile lorsque nous savons que les criminels avancent plus vite que les autorités.

La question des paradis fiscaux revient obligatoirement sur le tapis. Pour Alain Bauer « il faut des banquiers complices. Toutes les banques ont des comptes offshore ». Beaucoup d’établissements bancaires ont été assujetties à des saisies sauf en France. Un exemple saisissant, sur 3000 banques russes, 60% seraient controlées par des groupes mafieux. Le spécialiste se pose alors la question de savoir si « nous avons les banques les plus claires au monde ? ». Le nombre de pays concernés par les contrôles financiers ont baissé. Selon Eric Ciotti, « il y a aujourd’hui une plus grande transparence ».

Belle question posée par Frédéric Ploquin, mais pourquoi a-t-on mis aussi tant de temps en France pour s’intéresser à l’argent sale. La réponse est simple, la prise de conscience récente alors que le phénomène est plus ancien. Al Caponne ne s’ est pas fait prendre pour banditisme mais bien lors d’un contrôle fiscal.

Alain Bauer ne veut pas que les gens tombent dans les stéréotypes. Les départements les plus pauvres sont là où la criminalité est la plus basse. En 2002, lorsque le chômage a baissé, la criminalité a explosé. Il estime que « s’il y a de l’argent pour l’illégal, il y a forcément de l’argent pour le légal ». Également une révision de la Loi de 1970 qui ne permet pas aujourd’hui de faire le distinguo entre les différentes catégories du trafic de drogue : « Énorme confusion alors chaque criminel doit être jugé par rapport à ses méfaits ».

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